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Regard sur Michel Macréau

Michel Macréau, « Couple », 1974, encre sur papier journal, 59,5 x 43 cm

Un dessin de Michel Macréau d'une évidente poésie

Bien sûr, cette oeuvre sur papier, c’est presque rien. Une feuille d’un quotidien, Le Figaro, aussitôt lue, aussitôt jetée. L’actualité change tous les jours. Et dessus quelques traits au feutre. Et pourtant, Macréau y fixe discrètement quelque chose d’éternel.

Il s’agit de l’une de ses compositions qui m’émeuvent le plus. Je l’ai gardée longtemps sur mes murs, séduit par son évidente poésie, la justesse du dessin et des images qui respirent leur amour, la force d’évocation des couleurs pourtant parcimonieuses.

C’est un couple d’amoureux, bien sûr. Le dessin est pris dans une forme de cœur, l’enlacement du bras masculin est lui-même caressé d’un long trait rose qui enveloppe un cœur qui bat au rythme de deux feuilles du printemps. Les traits des deux visages se mêlent l’un à l’autre. « Je ne sais où tu commences, tu ne sais où je finis », a dit, je crois me rappeler, Paul Eluard.

Ce serait suffisant pour l’aimer. Mais ce couple a quelque chose d’autre à nous dire aussi.

Le visage de l’homme est imposant, christique, nous regarde bien en face, triste et lucide. Des larmes coulent sur son visage qu’une croix d’os, teintée d’un rose-rouge de mort et d’amour marque au front, en diagonale avec ses doigts fermes et rassurants sur l’épaule de la femme dont une fleur humidifiée occupe les pensées. Ce n’est peut-être pas vraiment une femme sexuée qu’il tient dans son bras, mais un être relié par toute une tendresse généreuse.

On oublie trop souvent que Macréau était père de deux filles, Violaine et Alice et d’un fils, Ludovic, et que malgré toutes les vicissitudes de la vie, la famille est restée soudée.

La croix a beaucoup de sens pour lui, symbole de notre destin, en particulier de celui de l’artiste crucifié, symbole aussi peut-être de la tumeur au cerveau qui lui ôtera la vie.

Pour continuer sur des métaphores religieuses, l’interprétation bascule vers une pietà, l’homme devenant une « mater dolorosa », qui souffre pour son enfant, abandonné, comme Macréau l’a été par le monde de l’art, alors qu’il ne sait et ne veut rien faire d’autre que peindre.

A.M

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