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Regard sur Aurel Cojan

Aurel Cojan, « Saint-Paul », 1998, fusain sur papier, 75 x 110 cm

L'agitation de la ville symbolisée en dessin par Aurel Cojan

Dans ce dessin au fusain, Aurel Cojan symbolise l’agitation d’une rue parisienne en pleine ébullition. Il pourrait s’agir d’un jour de marché ou tout simplement d’une scène quotidienne où hommes et femmes se mêlent dans le tumulte d’une rue passante.

Le titre, « Saint-Paul » oriente notre lecture. Il pourrait s’agir de la station de métro parisienne, sur la ligne une, située rue Saint-Antoine dans le quatrième arrondissement, qui doit son nom à l’Eglise qui se trouve à sa sortie. Quartier très vivant, des milliers de personnes s’y croisent quotidiennement. On peut alors imaginer des passagers qui attendent sur le quai du métro, ou alors sont-ils déjà sortis de la station?

Les femmes sont reconnaissables grâce à leurs atours : on devine des jupes et des chaussures à talons sur certaines silhouettes. Malgré l’anonymat que l’artiste confère à ses personnages, nous pouvons essayer de deviner l’occupation de chacun : la femme, que l’on retrouve au quasi centre de la composition, a le visage espiègle, joyeux, tandis que celle placée tout à droite a l’air plus concentrée. Il pourrait s’agir d’une femme active se rendant à son travail. A gauche de la composition, une femme au visage plus doux pourrait accompagner ses enfants à l’école.

Tous, sont des personnes que nous croisons chaque jour au coin d’une rue, de parfaits inconnus qui foulent le trottoir des rues parisiennes et qui constituent pour l’artiste un vaste terrain d’expérimentation picturale. Cojan se fait à la fois spectateur et acteur, il vit cette scène autant que ceux qui la composent.

Son trait est vif, rapide, il retranscrit le mouvement de la foule, ainsi que le bruit de la rue que l’on pourrait presque entendre s’échapper de la feuille de papier. Il ne s’agit pas d’une recherche de vraisemblance mais plutôt de retranscrire une sensation, celle d’une rue parisienne en pleine journée. Les personnages sont tous de profil ce qui accentue le caractère anonyme de chacun.

Malgré la foule et l’agitation, une sensation de légèreté émane de ce dessin à l’aspect aérien. Les silhouettes semblent flotter. Pleine de vie, cette scène de rue représente un Paris que l’artiste affectionnait particulièrement depuis son arrivée en France. Son écriture plastique conjugue des éléments figuratifs qui semblent éclater, tendant alors vers des formes plus abstraites…

Né en Roumanie en 1914, Cojan décède à 91 ans à Paris, la ville où il était venu vivre en 1969, après avoir demandé l’asile politique. Cet ancien élève des Beaux Arts de Bucarest a sa carrière tracée dès sa vingtaine, il sera peintre. Après un début de reconnaissance en Roumanie, où il expose en galerie et dans quelques salons et institutions, c’est à Paris qu’il va rencontrer des esprits curieux favorables à son art, jusqu’à recevoir le Prix de la Jeune Peinture en 1996… Il a 81 ans ! Plusieurs institutions parisiennes conservent ses œuvres, et son pays natal reconnaissant son importance, lui a consacré en 1999 une importante rétrospective au Centre Culturel Roumain de Paris, suivi d’un hommage dans un grand musée de Bucarest en 2004 pour ses 90 ans.

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