BERNARD RÉQUICHOT
BERNARD RÉQUICHOT, UN INVENTEUR DE FORMES
L’oeuvre de Bernard Réquichot (1929-1961) reste fascinante et mystérieuse. Aux antipodes de son contemporain Yves Klein qui mettait en scène son travail, Bernard Réquichot ne souhaitait pas montrer ses œuvres. Par goût proustien des joies de l’esprit dans la solitude et par peur de commentaires qui pourraient fausser sa création.
Bernard Réquichot a nourri ses œuvres à la fois des avancées de la science à son époque (sur le big bang, le temps, les radiations, la physique quantique) et de la fébrilité de ses mécanismes mentaux, qui affleurent dans ses guerres des nerfs et beaucoup de dessins, recherchant « une fusion de la science, de la joie, de l’art et de l’être », des correspondances entre l’infiniment petit, dont le plus ténu de sa vie psychique, et le macrocosme de ses traces graphiques ou ses ciels prolifiques.
Sans le dire, Bernard Réquichot a innové formellement, et participé au renouveau des arts plastiques : mixte de collages, peintures et dessins; renouveau du collage en découpant et détournant des photos de magazine suivant des principes baroques de répétition-variations et en collant des fragments de peinture sur des toiles ou des dessins; reliquaires; peintures-objets… Les voies qu’il suivait en parallèle s’enrichissaient les unes les autres, jusqu’à, souvent, presque se confondre.
Les formes créées par Bernard Réquichot ont trouvé leur autonomie. « Chaque chose peut évoquer beaucoup d’autres choses selon la manière de la voir. Chaque image est l’image d’une infinité d’image. » Elles entreront dans notre mémoire collective, en particulier leur énergie presque déstabilisante, comme celle des météorites qui circulent à une vitesse prodigieuse mais neutralisée en apesanteur.
BERNARD RÉQUICHOT, UN ARTISTE DONT L'OEUVRE ÉNIGMATIQUE NE DÉVOILE PAS SES MYSTÈRES
Personnellement, je suis sensible à l’in-communication du langage des écritures illisibles, de Bernard Réquichot et à son refus du binaire, à son besoin d’assimiler, voire d’ingérer, des photos de magazines à grand tirage, à ses traces de big bang qui nous placent au centre de l’univers, hors du temps, à ses réflexions sur la peinture, qu’il n’a eu de cesse à la fois d’enrichir et de malmener, en la découpant et en la triturant, pour la projeter sur d’autres toiles vers une signification nouvelle, à son jeu de retrait, de pliage de certaines toiles pour les transformer en sculptures, ou les enfermer dans un reliquaire sarcophage jusqu’à la nuit des temps…
Il y a encore beaucoup, tout à dire, sur Benard Réquichot, régulièrement montré au Centre Pompidou, et qui n’a encore fait l’objet que de deux approches, dans un catalogue raisonné en 1970, avec des textes de Roland Barthes et d’Alfred Pacquement, en 2019 par Jean François Chevrier aux éditions Flammarion.
Les correspondances avec la beat generation de Californie sont frappantes mais dans les années 50, le monde de la peinture en France était enfermé dans une vision trop hexagonale pour le remarquer.
La galerie Alain Margaron expose régulièrement Bernard Réquichot depuis 1994 dans des expositions collectives. Quand Daniel Cordier nous a passé le relais de son importante collection en 2015, nous avons organisé sa première exposition individuelle à Paris depuis des décennies.
Site officiel de Bernard Réquichot
Pour plus d'informations et de découvertes, rendez-vous dans la rubrique médias
EXPOSITIONS (PRINCIPALES)
PERSONNELLES
1955 Première exposition personnelle à la Galerie Lucien Durand, Paris
1957 Exposition personnelle à la Galerie Daniel Cordier, Paris
1961 Exposition personnelle à la Galerie Daniel Cordier, Paris
1973 « Rétrospective », Centre National d'Art Contemporain (CNAC), Paris
1977 « Bernard Réquichot : 1929-1961 », Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d'Olonne
1992 « Hommage à Bernard Réquichot », Centre d'art contemporain, Château de Tanlay, Yonne
2019 « A la découverte de Bernard Réquichot », Galerie Alain Margaron, Paris
COLLECTIVES
1989 « Donations Daniel Cordier », Centre Pompidou, Paris
1995 « Passions privées, collection Daniel Cordier », Centre Pompidou
1997 « Made in France : 1947-1997. Cinquante ans de création en France », Centre Pompidou, Paris
2002 « Dado-Réquichot, la guerre des nerfs », Musée des Abattoirs, Toulouse
2002 « Paris, Capital of Arts, 1900-1968 », Royal Academy of Arts, Londres
2002 « Paris, Capital of Arts, 1900-1968 », Musée Guggenheim, Bilbao
2003 « Roland Barthes », Centre Pompidou, Paris
2005 « Big Bang. Destruction et création dans l'art du XXe siècle », Centre Pompidou, Paris
2009 « Les désordres du plaisir », Centre Pompidou, Paris
2012 « Collection Michael Werner », Musée d'Art Moderne de Paris, Paris
2019 « Galeries du XXe siècle », Centre Pompidou, Paris
2020 « Le rêveur de la forêt », Musée Zadkine, Paris